Le vide
 
C'était dans une forêt, c'était en hiver, je ne sais plus quand, je m'étais échappée de la maison, et je n'avais pas peur, je me sentais protégée par le vide qui m'entourait. C'est étrange de penser après toute ces années que le vide puisse protéger. Le vide aspire, le vide engloutit ou submerge mais il ne protège pas. le vide c'est le rien et on ne peut  se raccrocher à rien, où alors on tombe, et on s'écrase. Dans ma forêt, je faisais partie du vide, je ne pouvais pas m'écraser, je n'étais pas dans le vide, j'étais le vide. Souvent j'interroge ma mémoire pour essayer de retrouver le chemin de la forêt, mais elle le garde bien cacher " à n'utilise qu'en cas d'extrême urgence ". C'est plus tard que j'ai commencé à avoir peur, du noir, du silence et de ses bruits. Ça c'est insinué, doucement, en moi, sans que je ne m'en aperçoive. La première fois que j'ai eu peur c'était trop tard, ça n'a fait qu'augmenter par la suite.

Jusqu'à aujourd'hui.

Je reconnais les arbres, le sentier.

C'est maman qui était venue me chercher, je pleurais, je ne voulais pas partir. Elle , elle croyait que je pleurais parce que j'avais peur de me faire gronder, mais j'avais pas peur. C'est après que c'est venu.
Elle m'a raconté ses peurs à elle ,et , je les ai absorbées. Elle m'a transmis la peur d'être seule. Après ce n'était plus pareil,  le noir, le silence et ses bruits, tout m'effrayait. Aujourd'hui que j'ai vraiment peur, elle n'est pas là pour venir me chercher. Je vais retourner m'asseoir au pied du gros arbre et personne ne viendra me chercher.
Marie C